Pfff, de toute façon j’ai l’impression qu’en physique ce n’est même pas la peine de discuter, tout est figé, c’est comme ça et faut apprendre même si ça paraît bizarre !
Pour ne pas laisser croire que la physique ou la chimie seraient des disciplines dogmatiques, il nous paraît essentiel de prendre en compte les idées des élèves sur les situations étudiées dans la classe. Ceci a en outre l’avantage de donner une image de la science comme une activité socialement construite.
Aussi comme le montrent de nombreux travaux de recherche, les phases d’argumentation et de coopération au sujet de la situation étudiée favorisent la construction des connaissances.
La mise en débat des idées au sein de la classe est donc une modalité pour mettre en œuvre ces phases à l’échelle de la classe. On peut aussi souvent que possible les organiser ou les laisser naître (voir fiche "on apprend en communiquant", à venir). La diversité des idées et connaissances issues des phases de réflexion et rédaction est le point de départ (voir fiche "Prendre en compte les idées initiales") du débat pour l'ensemble de la classe, sous le contrôle de l'enseignant.
Ce débat peut émerger très facilement : l’enseignant interroge un premier groupe, puis un second groupe oppose spontanément un contre-argument.
Pour s’assurer de la richesse du débat, l’enseignant peut également demander à plusieurs groupes de donner leurs solutions, par exemple en les écrivant au tableau. Pour pouvoir animer le débat, l’enseignant doit s’appuyer sur ce qu’il a observé pendant le travail en groupe ou sur les idées qu’il sait classiques et qui vont pouvoir apparaître (Prendre en compte les idées initiales). Fort de la connaissance de cette diversité des idées, il anime le débat en restant celui qui le gère en essayant de ne pas prendre position. L'échange d'arguments se fait entre les différents groupes, ce qui permet d'alimenter la discussion et de dégager éventuellement des résultats qui pourront faire consensus.
La clôture des débats peut prendre des formes très diverses. Souvent, la conclusion du débat permet à l'enseignant de présenter aux élèves les connaissances que l'institution scolaire considère comme "exigibles" ou à maîtriser (institutionnalisation). En effet le débat permet de justifier ce qui va être retenu en explicitant les raisons pour lesquelles certaines idées ont été abandonnées (incohérence avec une loi antérieure ou une hypothèse choisie, mauvaise prise en compte de résultats expérimentaux, mauvaise compréhension du sens d’un mot en physique…). Cette phase s’apparente souvent pour les élèves à une "correction" de l'activité.
Dans d’autres cas (demande de prévision sans modèle, expression d’idées intuitives…), il n’y a pas de «bonne» réponse attendue, ce qui va susciter la nécessité d’une phase exploratoire supplémentaire ; la réponse au débat sera donnée par exemple par une expérience qui viendra valider ou invalider une prévision, ou sera donnée plus tard lorsque d’autres éléments de savoirs auront été acquis.
Dans tous les cas de clôture du débat, il est important que l’enseignant ait prévu pour les élèves des traces écrites claires et exploitables par la suite.
Cela permet aussi aux élèves de faire l’effort de formuler clairement leurs idées et de les assumer (Impliquer les élèves). Les élèves doivent aussi se rendre compte qu’une idée même incorrecte vaut la peine d’être discutée car elle permet de faire avancer la réflexion et de rendre la conclusion moins arbitraire.